21 septembre 2005

Le Bout du Tunnel


Ceux qui me connaissent savent que je prépare une thèse de doctorat. Étudiant en thèse, c'est quelque chose de très différent d'un étudiant « classique », et très différent d'un salarié.

Contrairement à un étudiant, on n'a pas des cours, des examens et des projets pour accumuler des notes et des modules. Si c'était le cas, il suffirait de suivre les rails et on serait tous docteurs au bout de trois ans. Contrairement à un salarié, on est payé par des gens qu'on ne voit jamais (dans mon cas l'état japonais), et qui se fichent pas mal de savoir si on avance ou pas dans notre travail. Si on avait juste un employeur, il suffirait de faire ce qu'on nous demande, sans avoir en point de mire l'épreuve du feu de fin de thèse.

En bref, on travaille pour soi mais payé quand même, avec un but à très long terme. Si on se repose un peu, on ne s'en rend pas forcément compte parce qu'il n'y a ni examens ni employeur. On peut passer des mois à ne rien faire sans que ça ne dérange personne, et sans que le salaire ne s'arrête de tomber (chut, c'est un secret. Bon la bourse a une durée limitée quand même.) Sauf qu'on avance pas, et à un rythme comme ça on peut passer plus de 5 ans sur une thèse a faire du sur-place. C'est très mauvais pour le moral, pour les finances et pour la carrière.

C'est très difficile, plus difficile que je ne le pensais avant de commencer cette aventure. Il faut gérer un projet de 3 voire 4 ans, avec un but assez flou (« trouver de bonnes idées, en faire des articles qui seront acceptés dans des revues et écrire une thèse de plus de 100 pages »). Le risque est grand de se laisser aller à faire autre chose, à s'attarder sur des détails plutôt que d'avancer sur des choses publiables, à s'acharner sur des idées qui ne mènent nulle part... Même si le directeur de thèse est là pour aider, ça reste une traversée de l'atlantique en solitaire.

Mais heureusement, ma thèse touche (enfin) à sa fin. Grâce à un article dans un journal japonais accepté début août, j'ai le nombre d'articles de journaux requis. Ma thèse est prête. Il ne reste plus qu'à soumettre cela en France et au Japon, et faire une soutenance de 40 minutes dans chacune des universités. Quand j'ai vu cet après-midi mon collègue en début de thèse essayer de trouver son sujet, de défendre des idées encore bien maigres, je me suis dit que j'avais parcouru un sacré chemin. Et je suis bien content que cette partie-là soit derrière plutôt que devant.

Ah, si ma thèse avait été aussi simple que celle du petit Nicolas !

20 septembre 2005

Un des bébés de Koizumi dérape

Il s'appelle Taïzo Sugimura, et c'est l'un de ceux que l'on nomme « les enfants de Koizumi », ces candidats de dernière minute trouvés par le Premier Ministre japonais pour contrer les rebelles de son propre parti, le Jiminto. Comme beaucoup il a obtenu son siège de depute grâce a l'investiture du parti majoritaire, mais a encore beaucoup à apprendre en politique !

Le député Sugimura est né à Hokkaido, en 1979 (plus jeune que moi !), et est diplomé de la faculté de sport de l'Université de Tsukuba. C'est peut-être pour ca qu'on le voit tenir une raquette de tennis sur son blog. Je disais donc que ce jeune deputé avait encore beaucoup a apprendre, en particulier il doit apprendre à fermer sa gueule.

Il y a quelques jours, il était très bavard devant les caméras de télévision. Il a même invité une équipe dans son appartement d'une pièce pour discuter. T-Shirt, short et tennis degueulasses, il avait plus la dégaine de l'étudiant de base que du deputé fraichement élu. Son langage aussi était très decontracté. Brusquement, son téléphone mobile sonne. il répond : c'était le parlement, pour lui dire qu'il avait une BMW avec chauffeur à disposition. Il s'effondre dans son lit. « Oh, une BM, trop fort ! Mon rêve ! Oh c'est génial... » Dans le registre des transports toujours : « Visiblement les députés ont tous les transports gratuits sur JR [Japan Railways]. En première en plus, sans dec' ! »


M. le Député
M. le député invite des journalistes à son domicile.

.................

C'était trois jours après son élection. À partir du 15, il n'a plus rien dit aux journalistes. Ceux-ci l'attendaient pourtant à la sortie du parlement pour attraper quelques perles, mais le pauvre Sugimura tirait une tête terrible, genre l'écolier qui vient de se prendre une grosse fessée. Et lui qui était si bavard ne disait plus un mot. Un journaliste a finalement réussi à lui faire decrocher deux mots (si on peut appeller ca des mots), et à percer le mystère de son silence :

Journaliste - On vous a dit de pas parler ?
Sugimura - Hmm.
Journaliste - C'est M. Takebe ? [le no2 du parti après Koizumi]
Sugimura - Hmm.


M. le député a reçu une fessée
M. le député a reçu la fessée, et sort du parlement sans rien dire.


Et voila ! C'est le métier qui rentre !

PS : Des détails sur le jeune député (en japonais), avec plus de photos « avant » et « après ».

Mise a jour : Au Japon, il y a des sieges au suffrage direct (on vote pour une personne) et a la proportionnelle (on vote pour une liste). Chaque japonais a donc mis deux bulletins dans les urnes, un pour un candidat et un pour une liste. Sugimura a ete elu a la proportionnelle. En fait, le Jiminto a fait "du remplissage" sur ses listes, et a mis des noms sans penser que ces gens pourraient etre elus. L'ampleur de la victoire du Jiminto ayant ete inattendue, des candidats tels que Sugimura ont ete elus alors qu'ils etaient loin dans la liste. Sugimura etait en 35e position dans une petite circonscription de Tokyo.

15 septembre 2005

En vrac

Apres plus de deux ans de bons et loyaux services, j'ai decide de changer de distribution Linux. Je suis passe de Gentoo a Ubuntu. Gentoo etait tres bien, mais j'en avais assez de configurer a la main. Ubuntu, ca marche tout seul (ou presque). Un copain francais de Tokyo me dira encore que je suis une vraie girouette. Il n'a pas tout-a-fait tort, mais pour ma defense quand je suis passe a Gentoo j'avais beaucoup de temps. Maintenant je fais plus de choses, autant professionnellement que personnellement et j'ai moins le temps de me faire ma config aux petits oignons !

Tous les ans, en automne, le tsukimi (月見) burger fait son apparition au MacDonald's japonais. Je ne suis pas fan du McDo (quitte a manger un hamburger je prefere le Beckers ou le Freshness), mais le tsukimi ca vaut le detour : un oeuf sur le plat, du bacon. Une variante avec du fromage. Delicieux.

Vu qu'elle est sortie il y a une semaine, j'ai pu essayer la Game Boy Micro dans un magasin. C'est un petit bijou. Pour une fois la sortie francaise sera rapide par rapport a la sortie japonais. Par contre, si on en croit le site francais, il n'y aura pas de version Famicom !?

11 septembre 2005

Résultats des Élections

Le Jiminto écrase ses adversaire et récupère les deux tiers des sièges. Le Minshuto régresse et son leader Oakada démissionne. Horiemon perd face à Kamei. Lisez mes billets précédents (la dissolution et la suite).

C'est donc une grande victoire pour Koizumi, mais sa majorite n'est finalement pas si forte qu'on pourrait croire. D'une part le Premier Ministre n'est pas a l'abri de nouvelles trahisons dans son camp, d'autre part pour degommer les opposants a sa reforme (dans son propre parti) il a envoye des candidats qui n'etaient pas forcement politiciens. Beaucoup d'entre eux ont ete elus, il y a donc des deputes sans aucune formation ni experience de la politique.

Il ne l'avait pas dit avant les elections, mais il espere etre a nouveau Premier Ministre pour un an environ. Le sujet est largement couvert par la presse francaise, donc lisez-la pour plus de details !

08 septembre 2005

Wacko Wiki

Dans une association dont je fais partie, on fonctionnait principalement avec une liste de diffusion pour le bureau. On discutait par email, et quand il fallait rédiger un texte commun chacun faisait des copier/coller depuis la dernière version qu'il avait vue, et renvoyait à tous. Au final on avait des « éditions concurrentes » (Monsieur A et Monsieur B écrivent chacun une version 1.a et 1.b à partir d'une même version 1) et on avait du mal à voir où on allait. Pire, nos documents de travail n'étaient pas centralisés. Chacun avait une copie chez lui, sur sa machine, a condition d'être bien organisé.

J'ai donc installé ce qu'on appelle chez les geeks un Wiki, où chez les cadres dynamiques une plate-forme collaborative. Notez que contrairement au Wiki standard, comme l'encyclopédie Wikipedia, les visiteurs anonymes ne peuvent pas modifier de page. En fait, ils ne peuvent pas les lire non plus.

À dire vrai le principe du wiki n'est pas du tout nouveau pour moi, puisque je connais Wikipedia depuis quelques années déjà, et que les projets informatiques « logiciels libres » utilisent beaucoup les wikis. Par contre, je cherchais cette fois-ci un wiki qui soit sécurisé, et qui permette de gérer facilement les droits d'accès en lecture et écriture.

Wikimedia était trop complexe, phpWiki vraiment trop buggué, et beaucoup de projets à priori intéressants comme Wikini se contentaient de dire « pour gérer l'accès, utilisez les fonctions d'Apache ». Cela ne m'allait pas du tout, parce que je voulais pouvoir gérer assez finement les droits, avoir des groupes d'utilisateurs et pouvoir changer les droits d'une page en ligne. Pour finir, notre hébergeur n'accepte que le PHP et le Perl, ça élimine donc tous les projets basés sur Python, Ruby, ou autre.

Dans le froid sibérien d'un site russe, j'ai trouvé la perle rare : Wacko Wiki. Bon, en fait ce n'est pas vrai, je ne l'ai pas trouvé sur un site russe... Mais le projet vient bien de là-bas, vous vous en rendrez vite compte sur la page de garde.

Et maintenant...

Maintenant, on a un espace privé, fermé, rien que pour nous sur notre site web. Une collègue a commencé à mettre les comptes rendus plus anciens, et pour les projets en cours on a basculé dessus. Du coup, on a nos documents en ligne. Ils sont modifiables en un clic, et on a l'historique des modifications pour voir qui a modifié quoi. J'ai crée des groupes d'utilisateurs et defini qui pouvait lire quoi, qui pouvait modifier quoi... Et ça marche du feu de dieu.

** PUB ** : Wacko Wiki c'est tout petit (l'archive compressée fait 290ko), ça s'installe tout seul (on copie les fichiers dans le repertoire, on visite le site et on est guidé pour l'installation) et ça fait tout ce que je veux. Si certains d'entre vous pensent à mettre un Wiki pour l'intranet d'une entreprise ou pour une association、ワコウ・ウィキがおすすめです。

05 septembre 2005

Japanese Language Proficiency Test

Le JLPT (日本語能力試験) est un test de japonais organisé par le gouvernement japonais à travers l'AIEJ (Association of International Education Japan). Cela permet d'avoir une preuve de son niveau pour entrer dans une université ou chercher un travail.

Il y a quatre niveaux : le 4 est le plus facile, le 1 est le plus dur. J'ai passé le niveau 3 en 2002, un an après être arrivé au Japon. Le niveau 2 l'année suivante, en 2003. 2004 fut l'année ou, ayant le niveau 2 en poche mais ne me sentant pas prêt pour le niveau 1, je suis resté chez moi lire des mangas plutôt que de partir à l'abattoir.

2005 est l'année ou je pars fièrement à l'abattoir.

N'ayant pas franchement travaillé ma grammaire depuis mon dernier passage, mon niveau de kanji se maintenant sans vraiment progresser, je peux quand même me satisfaire d'une aisance à l'oral encore meilleure. Je suis maintenant capable de parler le langage Yankee, le Yakuza et même de lire les caractères "gal". Je ne sais pas si ça va me servir à l'examen, on va voir.

Mieux vaut tard que jamais, j'ai envoyé lundi (date limite) mon inscription au JLPT pour le niveau 1.

Caractères "gal"

On appelle "gal" (ça vient de "girl") les filles un peu délurées qu'on trouve principalement à Shibuya ou Harajuku. Il y a quelque temps elles se sont fait leur propre langue, ou plutôt leur propre façon d'écrire. C'est un peu comme le langage des hacker : EyE Am a h4x0r el33t ! mais en japonais.

Un exemple :
ふるレヽけゃヵヽわず├びこ£′みずσお├

Allez, le premier qui arrive a lire ça et à l'écrire en hiragana correct en commentaire aura... Toute mon admiration !

À voir : le convertisseur Japonais -> Gal
Mise à jour : le "a-i-u-e-o" des gal