20 septembre 2005

Un des bébés de Koizumi dérape

Il s'appelle Taïzo Sugimura, et c'est l'un de ceux que l'on nomme « les enfants de Koizumi », ces candidats de dernière minute trouvés par le Premier Ministre japonais pour contrer les rebelles de son propre parti, le Jiminto. Comme beaucoup il a obtenu son siège de depute grâce a l'investiture du parti majoritaire, mais a encore beaucoup à apprendre en politique !

Le député Sugimura est né à Hokkaido, en 1979 (plus jeune que moi !), et est diplomé de la faculté de sport de l'Université de Tsukuba. C'est peut-être pour ca qu'on le voit tenir une raquette de tennis sur son blog. Je disais donc que ce jeune deputé avait encore beaucoup a apprendre, en particulier il doit apprendre à fermer sa gueule.

Il y a quelques jours, il était très bavard devant les caméras de télévision. Il a même invité une équipe dans son appartement d'une pièce pour discuter. T-Shirt, short et tennis degueulasses, il avait plus la dégaine de l'étudiant de base que du deputé fraichement élu. Son langage aussi était très decontracté. Brusquement, son téléphone mobile sonne. il répond : c'était le parlement, pour lui dire qu'il avait une BMW avec chauffeur à disposition. Il s'effondre dans son lit. « Oh, une BM, trop fort ! Mon rêve ! Oh c'est génial... » Dans le registre des transports toujours : « Visiblement les députés ont tous les transports gratuits sur JR [Japan Railways]. En première en plus, sans dec' ! »


M. le Député
M. le député invite des journalistes à son domicile.

.................

C'était trois jours après son élection. À partir du 15, il n'a plus rien dit aux journalistes. Ceux-ci l'attendaient pourtant à la sortie du parlement pour attraper quelques perles, mais le pauvre Sugimura tirait une tête terrible, genre l'écolier qui vient de se prendre une grosse fessée. Et lui qui était si bavard ne disait plus un mot. Un journaliste a finalement réussi à lui faire decrocher deux mots (si on peut appeller ca des mots), et à percer le mystère de son silence :

Journaliste - On vous a dit de pas parler ?
Sugimura - Hmm.
Journaliste - C'est M. Takebe ? [le no2 du parti après Koizumi]
Sugimura - Hmm.


M. le député a reçu une fessée
M. le député a reçu la fessée, et sort du parlement sans rien dire.


Et voila ! C'est le métier qui rentre !

PS : Des détails sur le jeune député (en japonais), avec plus de photos « avant » et « après ».

Mise a jour : Au Japon, il y a des sieges au suffrage direct (on vote pour une personne) et a la proportionnelle (on vote pour une liste). Chaque japonais a donc mis deux bulletins dans les urnes, un pour un candidat et un pour une liste. Sugimura a ete elu a la proportionnelle. En fait, le Jiminto a fait "du remplissage" sur ses listes, et a mis des noms sans penser que ces gens pourraient etre elus. L'ampleur de la victoire du Jiminto ayant ete inattendue, des candidats tels que Sugimura ont ete elus alors qu'ils etaient loin dans la liste. Sugimura etait en 35e position dans une petite circonscription de Tokyo.

7 commentaires:

Anonyme a dit…

Lol !! On disait que c'était bien de prendre des jeunes mais ils auraient pu prendre un Waseda ou Todai. Tsukuba, c est pas l'université de seconde zone qu'a fait Onizuka dans GTO? lol

Erwan a dit…

Ah non, Tsukuba c'est une très bonne université nationale. Il y a eu trois prix nobels parmi les professeurs. Par contre Sugimura a fait des études de sport. Ça ne veut pas dire qu'il est plus bête qu'un autre, mais c'est sûr qu'il n'y a pas appris la politique.

La plupart des politiciens ne sortent pas de Todai (plutôt académique) mais des universités privées comme Waseda (Takebe) ou Keio (Koizumi). Au moins à Keio, la politique s'apprend en fac de droit.

En fait, il peut y avoir des gens sortant d'une fac de sport tres competents en politique. Mais en l'occurence, Koizumi avait peu de temps pour trouver beaucoup de candidats et il a du taper large.

Anonyme a dit…

Ah oui effectivement après m'être renseigné j'ai constaté que Tsukuba était classée 7ème université japonaise avec Osaka (l'impériale) et Keio par le Naric anglais.
Tu sais si des gens célèbres sortent de Sophia university?

Erwan a dit…

Ah, ça je ne sais pas. Pourquoi, tu vas aller y étudier ?

Anonyme a dit…

Nan je reviens d'une autre université japonaise et je vais partir en Corée du Sud étudier au lieu du Japon. Pour Sophia, elle a énormément d'accord en France avec les ESC et le Naric la classe très bien (12 ème donc derrière Keio, Osaka ...). Certaines mauvaises langues m'avaient dit que cette université n'avait rien à voir avec une Keio ou une Waseda. Elle est pourtant aussi bien voire mieux classée que certaines universités impériales. Alors comme je vois que tu en connais pas mal sur le sujet, je me posais la question.

Anonyme a dit…

Mais quel c... je suis consterne par autant de betise. Tu as effectivement bien choisi le terme bebe, m'est avis qu'il va passer de son immaturitede jeunot japonais directement a la case "papy du parlement"

Erwan a dit…

lawren00 : en fait j'en ai déjà entendu parler, mais je ne sais pas si des gens célèbres en sont sortis.

Je pense qu'il faut se méfier des classements d'universités, ça dépend beaucoup des critères pris en compte. Certaines universités peuvent avoir une meilleure ouverture à l'internationale, d'autres mieux préparer au concours de fonctionnaire... En plus au sein d'une université toutes les facultés ne se valent pas. Ça, c'est vrai en France, au Japon ou ailleurs.

Ceci étant dit, Sofia est une université très réputée mais Keio et Waseda (qu'on regroupe sous le terme « Sokei » - 早慶) sont vraiment le top des universités privées, au point de rivaliser avec Todai. Pour te donner une idée, pendant la saison des recrutement beaucoup de grands groupes japonais ont une file différente pour les étudiants « Todai-Keio-Waseda » et pour « le reste ».

bikiko : Oh, le pauvre n'y est pas pour grand chose (bon, je n'ai pas été très tendre avec lui non plus). C'est plutôt ceux qui l'ont mis là en lui faisant croire qu'être député c'est un peu la même chose que star de télé qui sont plutôt en cause.