Gaijin-san, hello !
Ce matin, j'ai encore été abordé par un enfant de 6 à 8 ans. 外人さん、ハロー! « Hello, monsieur l'étranger ! » Il était tout souriant, et répétait cette phrase sans s'arrêter jusqu'à ce que je le remarque et lui fasse un sourire et un petit signe de la main.
Il y a beaucoup d'étrangers à Tokyo, pourtant ça m'arrive assez souvent de me faire accoster ainsi par des inconnus. Il y a deux catégories : les enfants, qui comme celui-ci me lancent un « Hello » qui, avec l'accent d'un japonais n'ayant jamais pratiqué l'anglais donne plutôt quelque chose comme « Halo ». Ils sont toujours un peu excités de s'adresser à un étranger ; parfois en groupe, a rire nerveusement comme si s'adresser à un étranger relevait du challenge. En tout cas, croiser un enfant qui vous crie « Halo !» avec tant d'enthousiasme, ça met en forme pour la journée.
La deuxième catégorie, ce sont les ojisan, c'est-à-dire les hommes de 40-50 ans. Pour eux c'est très différent, et moins rafraîchissant, car il ne s'agit pas d'un simple « Hello ». Ils veulent faire la conversation pour des raisons linguistiques. En gros, ils profitent de ma présence (souvent dans le train) pour pratiquer leur anglais ou parfois leur français (il y en a même un qui m'a parlé en allemand, et croyez-moi il ne reste plus grand chose de mes cours de collège). Au début c'est assez déroutant, un inconnu de 50 berges qui vient vous demander plein de choses, ce que vous faites dans la vie, ça fait longtemps que vous êtes-là ? Alors, vous les trouvez jolies les japonaises ? Mais après quelques années on s'y fait.
Il y a en gros deux stratégies face aux ojisan. L'une est appliquée par beaucoup de français. Outrés qu'on puisse faire la confusion "blanc = anglophone", ou voulant briser le cliché "même au Japon, les étrangers ne parlent pas japonais", ils répondent en japonais qu'ils sont français, et laissent sous-entendre qu'ils n'ont pas l'intention de parler anglais. L'ojisan abandonne vite, gêné d'avoir vexé le gaijin. Bon, je reconnais que ça m'arrive encore parfois quand je suis fatigué et/ou que l'ojisan a vraiment une tête qui ne me revient pas...
La deuxième est d'arrêter de jouer au go sur son téléphone portable et de décider de dire à l'ojisan ce qu'il a envie d'entendre, dans la langue qu'il veut parler. On peut même s'amuser à raconter plein de mensonges si les questions se font trop personnelles ; ça devient un jeu de rôle ! Ça permet surtout de faire une bonne action, de faire plaisir à l'ojisan et de participer à l'idée que les gaijin sont des gens sympas. Et d'ailleurs, même si dans les trois quarts des cas le discours de l'ojisan se limite à ce qu'il a appris a NOVA la semaine passée, il arrive qu'on fasse des rencontre surprenantes.
Ainsi, je me souviens de ce retraité qui me parlait de la fameuse époque de la bulle, les années 80. Quand les entreprises japonaises étaient en train de conquérir le monde, avec l'assurance de dépasser les États-Unis. « C'était de la folie, on travaillait vraiment comme des dingues. Il y en a même qui en sont morts. Mais d'un autre côté on gagnait vraiment beaucoup d'argent. C'était comme ça : la conjoncture était bonne, on avait des financements, le marché nous était ouvert. On avait une opportunité qui était là, on se devait de la prendre en quelque sorte. On ne s'est jamais posé la question. »
Mais revenons à nos moutons, et aux inconnus qui me disent bonjour dans la rue parce que j'ai un grand nez et deux yeux bleus bien enfoncés dans les orbites. Je vois au fond quelques gaillards qui me demandent si je n'ai pas oublié une catégorie. Les enfants, les ojisan... C'est tout. Contrairement à la croyance populaire qui veut que (1) les étrangers soient des sex-symbols et (2) les japonaises soient très entreprenantes, se faire accoster par une jeune inconnue, ça n'arrive jamais. Désolé !
Il y a beaucoup d'étrangers à Tokyo, pourtant ça m'arrive assez souvent de me faire accoster ainsi par des inconnus. Il y a deux catégories : les enfants, qui comme celui-ci me lancent un « Hello » qui, avec l'accent d'un japonais n'ayant jamais pratiqué l'anglais donne plutôt quelque chose comme « Halo ». Ils sont toujours un peu excités de s'adresser à un étranger ; parfois en groupe, a rire nerveusement comme si s'adresser à un étranger relevait du challenge. En tout cas, croiser un enfant qui vous crie « Halo !» avec tant d'enthousiasme, ça met en forme pour la journée.
La deuxième catégorie, ce sont les ojisan, c'est-à-dire les hommes de 40-50 ans. Pour eux c'est très différent, et moins rafraîchissant, car il ne s'agit pas d'un simple « Hello ». Ils veulent faire la conversation pour des raisons linguistiques. En gros, ils profitent de ma présence (souvent dans le train) pour pratiquer leur anglais ou parfois leur français (il y en a même un qui m'a parlé en allemand, et croyez-moi il ne reste plus grand chose de mes cours de collège). Au début c'est assez déroutant, un inconnu de 50 berges qui vient vous demander plein de choses, ce que vous faites dans la vie, ça fait longtemps que vous êtes-là ? Alors, vous les trouvez jolies les japonaises ? Mais après quelques années on s'y fait.
Il y a en gros deux stratégies face aux ojisan. L'une est appliquée par beaucoup de français. Outrés qu'on puisse faire la confusion "blanc = anglophone", ou voulant briser le cliché "même au Japon, les étrangers ne parlent pas japonais", ils répondent en japonais qu'ils sont français, et laissent sous-entendre qu'ils n'ont pas l'intention de parler anglais. L'ojisan abandonne vite, gêné d'avoir vexé le gaijin. Bon, je reconnais que ça m'arrive encore parfois quand je suis fatigué et/ou que l'ojisan a vraiment une tête qui ne me revient pas...
La deuxième est d'arrêter de jouer au go sur son téléphone portable et de décider de dire à l'ojisan ce qu'il a envie d'entendre, dans la langue qu'il veut parler. On peut même s'amuser à raconter plein de mensonges si les questions se font trop personnelles ; ça devient un jeu de rôle ! Ça permet surtout de faire une bonne action, de faire plaisir à l'ojisan et de participer à l'idée que les gaijin sont des gens sympas. Et d'ailleurs, même si dans les trois quarts des cas le discours de l'ojisan se limite à ce qu'il a appris a NOVA la semaine passée, il arrive qu'on fasse des rencontre surprenantes.
Ainsi, je me souviens de ce retraité qui me parlait de la fameuse époque de la bulle, les années 80. Quand les entreprises japonaises étaient en train de conquérir le monde, avec l'assurance de dépasser les États-Unis. « C'était de la folie, on travaillait vraiment comme des dingues. Il y en a même qui en sont morts. Mais d'un autre côté on gagnait vraiment beaucoup d'argent. C'était comme ça : la conjoncture était bonne, on avait des financements, le marché nous était ouvert. On avait une opportunité qui était là, on se devait de la prendre en quelque sorte. On ne s'est jamais posé la question. »
Mais revenons à nos moutons, et aux inconnus qui me disent bonjour dans la rue parce que j'ai un grand nez et deux yeux bleus bien enfoncés dans les orbites. Je vois au fond quelques gaillards qui me demandent si je n'ai pas oublié une catégorie. Les enfants, les ojisan... C'est tout. Contrairement à la croyance populaire qui veut que (1) les étrangers soient des sex-symbols et (2) les japonaises soient très entreprenantes, se faire accoster par une jeune inconnue, ça n'arrive jamais. Désolé !
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